Pour la proposition d’écriture N° 82, vous allez vous régaler avec plusieurs poèmes.
Il faut croire que la période est propice à la poésie…Elle nous soulage de tout le reste et de cette morosité ambiante, y compris du côté de la météo!
La poésie adoucit les moeurs, c’est bien connu!
Voici vos textes. Je vous souhaite une belle lecture.
De Catherine
Si j’étais Présidente de la République
Encore un dimanche avec un froid de canard et un vent de chien ! Bref, un temps à ne pas mettre… une honnête femme dehors ! Allez, hop ! La couverture polaire et le dernier CLOWNER à feuilleter. Tiens, il y a un quizz, ça va me passer le temps !
QUIZZ : SI J’ÉTAIS PRÉSIDENTE DE LA RÉPUBLIQUE.
QUESTION 1: si j’étais présidente de la République, ma première réforme serait
A) la réforme des retraites
B) la réforme de l’école
C) le réforme de la Constitution
Rien de tout ça, ma chère ! Si j’étais présidente, je crois que je m’attirerais tout-de-suite les inimitiés des ambitieux politiques. D’abord, la réforme des retraites, je la ferai en priorité pour les élus, du plus haut niveau (moi en l’occurrence) au plus bas niveau : les calculs se feront au prorata des années de service, comme tout bon travailleur cotisant. Et finis les privilèges qui perdurent : à la fin de la fonction, c’est retour à la vraie vie.
QUESTION 2 : si j’étais présidente de la République , je nommerai
A) Trucmuche à l’Intérieur
B) Bidule à la Justice
C) Belladone à l’Industrie
Je ne sais même pas qui sont ces gens, alors je ne peux pas répondre. De toute façon, si j’étais présidente, je me ferais vite des ennemis auprès de ceux qui ont les dents qui rayent le parquet. Pour entrer au gouvernement, chaque prétendant ou pressenti à un poste de ministre devrait, avant sa prise de fonction officielle, passer 6 mois sur le terrain dans le domaine concerné. Machinchose pressenti à la Santé devrait faire ses 6 mois en immersion à l’hôpital, en Ehpad et auprès des médecins généralistes et spécialistes. Truc bidule, pour l’Education Nationale, passerait 6 mois entre maternelle, élémentaire, collège, lycée et Université. Comme ça, ils sauraient de quoi ils parlent et prendraient de justes décisions.
QUESTION 3 : Si j’étais présidente de la République, je ferais des économies :
A) en réduisant le nombre de fonctionnaires
B) en augmentant les impôts
C) en refusant mon salaire de Présidente
Bon, ben là, je botte en touche : je suis nulle en économie. J’ai déjà dû mal avec mon propre budget, alors, celui de la France …
QUESTION 4 : Si j’étais Présidente de la République, j’assurerais la paix sociale dans mon pays
A) en renforçant les pouvoirs de la police
B) en supprimant les syndicats
C) en extradant tous les étrangers
Mais c’est nul, ces questions ! Que répondre à des âneries pareilles ? Dans ce pays on s’évertue à monter les gens les uns contre les autres, alors qu’on devrait s’attacher à faire en sorte que chacun comprenne l’autre. Et pour comprendre l’autre, il faut être capable de se mettre à sa place. Tiens, j’ai une idée ! Si j’étais présidente, j’obligerais chaque adulte à partager la vie d’un autre pendant une semaine, deux fois par an. Par exemple, le directeur d’usine irait chez la femme de ménage, le coiffeur chez le professeur, etc. Et moi, la présidente, chaque mois, je rencontrerais une corporation différente pendant 2 jours : en janvier les boulangers, en février les soignants … Ça m’aiderait à mieux comprendre les gens et leurs aspirations !
QUESTION 5 : ah ben non ! J’en ai marre de ce quizz imbécile qui m’a mis les nerfs en pelote! De toutes façons, Mesdames et Messieurs, je vous le dis tout net : je vous INTERDIS de voter pour moi, je ne veux vraiment pas être présidente, je veux rester moi-même, une femme intègre, jamais sous influence, avec des émotions vraies.
Mon slogan de non-campagne : NE VOTEZ PAS POUR MOI, JE VOUS EN CONJURE !!!
De Lucette
Je vais imaginer une mère de famille…
A trente ans, Julie est mère célibataire de deux enfants de 10 et 12 ans. Noël est encore loin, encore 5 mois à attendre… L’amour, on ne l’y reprendra plus, après avoir vécu une séparation musclée, elle veut vivre tranquille sans penser à la moindre éventualité d’une nouvelle relation.
Les vacances en Vendée comme chaque année pour revoir la famille et les copains de sa jeunesse. C’est bon de venir se ressourcer en ce lieu, en même temps, elle voudrait bien changer d’endroit, casser ce rythme annuel, reprendre sa vie en main quoi !!!
A chaque marée, les enfants retrouvent leurs jeux de plage, se découvrent de nouvelles connaissances et tout ce petit monde fait « ami-ami ». Le 14 Juillet se profile. Dans une semaine, je dois reprendre le collier, pense-telle, les enfants resteront chez leurs grands-parents.
Le feu d’artifice est sacré, mes enfants m’obligent à les emmener. Quelle corvée, mais bon, je m’y résouds, comme il fait nuit, je ne prête aucune attention à ma tenue. Je suis une juilletiste en tenue un peu olé-olé. La foule s’amasse sur la plage, on profite du beau coucher de soleil, en même temps, au loin, l’orage s’annonce. Il est 22heures 30, les éclairs et le tonnerre sont de plus en plus proches, suivis d’une pluie diluvienne. Ce feu d’artifice n’est pas celui que l’on attendait…
La foule se rue pour trouver un abri au plus vite. Mes enfants et moi étions trop loin, donc les derniers à s’abriter. Enfin les avant-derniers, juste derrière nous un papa avec ses 3 enfants nous criait de le suivre. En deux temps 3 mouvements, on a trouvé asile dans un break crotté, mais ouf quelle bénédiction d’avoir rencontré cette personne.
La pluie ne cesse pas, au bout d’une heure, mon inconnu me propose de me ramener. J’hésite, et puis zut, je lui donne mon adresse de vacances, 10 minutes plus tard, on se ravigotait avec une boisson chaude, et au lit.
Déjà oublié mon « anonyme » ? Pas si sûr…
Le lendemain je vaque à mes occupations, et le voilà qui vient demander si nous allons tous bien. Je pense que c’est une excuse comme une autre pour ne pas perdre le contact, mais ravie au fond de moi de voir son visage dans la lumière du jour. Je me surprends à penser quel bel homme, quelle belle allure…
Je suis polie, et l’invite à prendre un café. Il ne s’est pas fait prier, et nous voilà face à face, les enfants jouent dans le jardin. Confuse de me présenter en négligée, cet embarras le fait sourire, et de fil en aiguille, on se donne rendez-vous sur la plage, et voilà que mon cœur endormi fait à nouveau BOUM –BOUM…
Rentrée seule pour le boulot, pareil de son côté, et oh ! miracle il habite à 30 kms de chez moi. Le destin quand même sait nous faire de belles surprises… Ses enfants sont restés chez leur mère. Chaque fin de soirée, on se parle pendant des heures, un rapprochement se fait doucement mais sûrement, nos liens se resserrent, et notre histoire d’amour commence à l’insu de nos enfants respectifs.
Je les récupère, la rentrée c’est bientôt, je dois faire les achats scolaires avec eux. N’étant pas dupes, ils trouvent que j’ai l’air plus jeune, ils me demandent pourquoi. Je leur explique, toute timide, que Davy et moi c’est une histoire sérieuse qui se construit avec eux, s’ils me le permettent. Des cris de joie accompagnent ce scoop. Soulagée, je le dis à Davy qui m’annonce que ses enfants ont eu la même réaction. Dès lors, on peut se voir sans stress.
Le temps passe, Noël, c’est dans 20 jours. Pour que cette famille recomposée trouve ses marques, j’ai invité chaque enfant à participer à un calendrier de l’Avent fabriqué au gré de leurs fantaisies. J’ai pris un grand carton que j’ai tapissé, les cases seront fabriquées et disposées par eux, dans le carton avec un cadeau, un petit mot, des encouragements, enfin quelque chose qui vient du cœur.
Tous les matins, « tirage au sort » pour savoir qui va ouvrir le premier paquet. Comme ils ont été mélangés, personne ne connaît le contenu de la surprise. C’est vraiment un moment délicieux. Aucun ne se sent lésé, et tout se termine dans la bonne humeur en attendant le Père Noël qui sera généreux sans aucun doute, puisque nous avons tous été très sages…
Moi, dans mon sabot j’ai reçu une jolie bague.
Où sont mes belles résolutions de fuir les hommes… envolées.
La vie a réappris à m’apaiser, à me laisser aller, à me laisser aimer, à lâcher prise…
Merci Père Noël, vous êtes un magicien…
De Laurence
Si j’étais présidente de la République
Ça serait la panique…
Avec tout ce que ça implique
D’acrobatique
Et de décisions énergiques !
Avec moi, rien ne serait magique
Et tous seraient allergiques
A mon pouvoir bionique !
Et tous auraient des coliques
Avec cette hiérarchie centrique.
De mes origines gaéliques
Et de mes ancêtres hérétiques
J’ai gardé un goût historique
Pour les histoires homériques
Pour ne pas dire mythiques…
Pourquoi vouloir devenir présidente de la République
Pour devenir hystérique
Je ne concours pas pour les Jeux Olympiques
Non plus ; je ne fais rien d’épique !
Je suis une femme plutôt cosmique.
J’ai une vue panoramique
Sur les choses périphériques
Certes, je suis patriotique
Sans être non plus catégorique.
Je suis plutôt du genre platonique !
Mais je n’aime pas les propos phallocratiques
Je déteste la polémique
Encore plus la politique
De tous ces vieux porcs-épics !
Si accrochés à leurs mesures prolifiques !
Je suis une femme dynamique
Parfois un brun sarcastique
Mais je revendique
Ma liberté rhapsodique
Aux pensées socratiques !
Je n’aime pas ceux qui rappliquent
Avec leur langue sulfurique
Et leur mental squelettique
Pensant être stoïques
Ils ne sont que paraplégiques !
Pourquoi vouloir devenir présidente de la République
Quand les autres et leur attitude inique
Nous offrent un gouffre titanique
Oubliant leurs zygomatiques
Et ne font que de la gymnastique
Avec leurs paroles tympaniques !
Avec ceux-là, on se croirait au parc zoologique
Ils n’ont rien de vitaminique
Ils sont de surcroît tyranniques
En oublient qu’ils sont microscopiques
En fait, ils ne méritent que la trique.
Alors, je ne serai jamais présidente de la République
J’ai ma saga trilogique
Et mes activités touristiques
Ainsi que mes livres philosophiques
Pour m’occuper de manière uniqueEt résister en femme stoïque.
Je ne possède pas assez de tactiques
Pour devenir un de ces soumis technocratiques
Voire de ces menteurs techno-bureaucratiques
Voire de ces énarques stratégiques
De ces politiciens splénétiques
Qui nous embrouillent avec la situation socio-économique
Avec tous leurs diagnostics
Qui nous laissent sceptiques
Qui prétendent être des scientifiques.
Quant à moi, je prends un congé sabbatique
Loin de ce monde sardonique
Avant de développer une maladie psychosomatique
Je m’offre un spectacle pyrotechnique !
Désolée, je ne serai jamais PRESIDENTE DE LA REPUBLIQUE !
De Marie-Françoise
Vivons aujourd’hui
Nul besoin attendre demain
Il se peut que demain
Nous Manquons
À l appel
Et cela pour toujours
De Philippe
La fille des rues (18/10/1972)
C’était une femme,
Elle avait quinze ans, peut-être plus.
Elle gît là, au milieu de ma rue,
Nue, flamme éteinte,
Cendre, papier de la vie.
C’était une femme,
Elle avait quinze ans, peut-être plus.
Elle était la joie de vivre,
Les champs, les prés,
Les oiseaux, les fleurs.
C’était une femme,
Elle avait quinze ans, peut-être plus.
Elle était la liberté sans parole,
Femme démon, ange de lumière,
Inspiratrice de bonheurs.
C’était une femme,
Elle avait quinze ans, peut-être plus.
Elle dort au milieu de ma rue,
Les yeux éteints, pâle,
Un sourire offert.
C’était une femme,
Elle avait quinze ans, peut-être plus.
C’était une femme,
Une fille des rues.
La misère (18/12/1972)
Poussez la porte,
Fort ; elle est moisie.
Et vous la verrez.
Assis sur une caisse,
Le père ; il boit.
Et vous la verrez.
Devant la fenêtre,
L’enfant ; il ne rêve plus.
Et vous la verrez.
Sur une table,
Une nappe ; elle verdit.
Et vous la verrez.
Dans les restes d’une armoire,
Un chien ; il squelettise.
Et vous la verrez.
Sur une paillasse,
La mère ; elle dort.
Et vous la verrez.
Partez, courrez,
Masse informe ; elle vous chasse,
Claque la porte, la Misère.
Mes quatre femmes de voyage (02/05/2010)
Je monte dans le train,
Elle est là, petite femme blonde,
Silhouette protégée par de grands yeux,
Statue maquillée de tristesse.
Le paysage défile, premier arrêt,
Elle monte, femme pressée,
Entourée par son parfum,
Femme de dos.
Paris, je prends le métro,
Elle marche, rapide, droite,
Accompagnée par le bruit de ses talons,
Veuve noire.
Je suis arrivé, monte l’escalier,
Elle m’attend sous sa casquette,
Illuminée d’éclairs de soleil,
Arc en ciel vers une nouvelle journée.
Je vous souhaite une belle semaine.
Portez-vous bien et surtout prenez soin de vous!
Créativement vôtre,
Laurence Smits, LA PLUME DE LAURENCE