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Il est très compliqué de donner une définition de ce qui compose la créativité littéraire et comment les mettre en oeuvre pour gagner en talent. Devenir écrivain relève d’une certaine psychologie, c’est sûr. Il existe des qualités essentielles, comme pour tout métier ou pratique artistique, culturelle ou sportive. Beaucoup d’entre nous se demandent s’ils sont faits pour l’écriture.
Le syndrome de l’imposteur peut hanter n’importe qui dans n’importe quelle forme d’expression, mais peut-être plus dans l’écriture. Allez savoir pourquoi! L’imagination, le désir vivace de raconter des histoires, le besoin de jongler avec les mots et les sonorités, la régularité, la persévérance, me semblent être des ingrédients indispensables à qui veut devenir écrivain.
Les écrivains sont des personnes qui lisent beaucoup en premier lieu et qui cultivent diverses influences littéraires. Jack London donnait le conseil de se consacrer à fond à sa passion d’écriture et de se sacrifier pour parvenir au succès.
L’écriture comme une nécessité
Jane Piirto, écrivain et professeure émérite es sciences de l’éducation à l’université d’Ashland, Ohio aux Etats-Unis, déclare de façon facétieuse :
Cette professeure a étudié et analysé 80 auteurs et 80 autrices dans son ouvrage “Understanding creativity”, publié en 2002. Les personnes en question révèlent leurs difficultés, comment se plier aux règles du jeu social, comment se sentir comme tout le monde. L’écriture, pour elles et pour eux, est une nécessité, un réconfort, parfois une thérapie.
Pour Jane Piirto, la plupart des auteurs confirmés sont issus d’une famille urbaine cultivée, peu respectueuse des conventions, intéressée par la lecture davantage que par l’écriture. Il est rare qu’un autre membre de la famille ait déjà été écrivain. Dans leur enfance, et quels que soient leurs groupes ethniques ou socio-économiques d’origine, les futurs auteurs lisent avec appétit, comme leurs parents, et précocement.
Ils entretiennent un rapport presque physique avec la lecture et le langage, lisant à haute voix, s’adressant aux personnages. Souvent, les mots et l’imagination constituent leur refuge. Leur meilleur atout, pour une éventuelle carrière, reste la pérennité de cette pratique intensive de la lecture et de l’écriture, malgré une période de doute fréquente à l’adolescence.
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La lecture comme moyen d’apprendre
Il n’y aucun miracle ni génie qui descendrait sur les futurs écrivains, éventuellement au berceau: lire et écrire de manière précoce, obsessionnelle, toujours et encore, est apparemment la meilleure école. Susan K.Perry, dans son ouvrage “Writing in flow: keys to enhanced creativity”, publié en 1999 déclare:
Ecrire, un travail acharné
« On peut enseigner aux écrivains comment composer des premiers brouillons, mettre de côté leur critique intérieur pour écrire librement tout ce qui se présente à leur esprit, taper rapidement sur un clavier et éditer, couper, coller avec engouement. C’est toujours utile pour progresser. Mais, pour atteindre un réel niveau d’expertise, il faut des années de pratique délibérée dans un genre particulier. Seul un travail acharné pendant plusieurs années, voire plusieurs décennies, aboutit à produire des textes de qualité”, déclare Ronald T.Kellogg, professeur émérite de psychologie à l’université de Saint-Louis dans le Missouri aux Etats-Unis et auteur de “The Psychology of writing”.
Malcolm Gladwell, écrivain et journaliste, a popularisé une théorie, selon laquelle il faut pratiquer 10.000 heures de manière intensive pour acquérir une expertise dans un domaine artistique, sportif, ou dans un jeu comme les échecs, par exemple.
Malcolm Gladwell – Crédit photo: wikipedia.com
L’artisanat de la connaissance
La différence entre auteurs débutants et confirmés, ou entre scribouillards et virtuoses, ne se résume pas à l’endurance. On n’est pas auteur ou autrice parce que l’on a écrit un livre. Restons modestes! C’est plutôt parce que l’on a écrit un bon livre, voire un très bon livre, que l’on est auteur ou autrice. Peu de gens seraient sans doute d’accord avec mes propos.
Devenir écrivain est un combat, certes, mais aussi un beau voyage. C’est forcément long et difficile. C’est un combat contre nous-même, contre la faiblesse, contre l’indulgence, contre la paresse, contre la peur, et surtout contre l’échec et la peur de l’échec. Mais, en écrivant, nous pouvons connaître le pouvoir illimité de notre imagination, le talent incroyable de notre créativité.
Ecrire, c’est traduire les maginifiques émotions, les fabuleuses histoires conçues par notre cerveau. C’esrt fascinant, n’est-ce-pas? Cela demande de l’humilité et du travail. Rien d’autre! Rien ne vient tout seul. Le talent s’apprend et s’acquiert. Personne n’écrit un bon livre par hasard!
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10 conseils de Jack London
Jack London était un écrivain autodidacte américain, qui a réfléchi à son ascension pour trouver les facteurs qui lui ont eprmis d’exercer ce métier.
- Conseil 1: lire un maximum et étudier en permanence. Vous ne serez pas surpris par ce premier conseil car il est à la base de tout travail d’écriture. Les écrivains sont d’abord des liseurs, voire de gros liseurs. Jack London était un lecteur omnivore, selon ses propres termes. Comme les choses étaient rares à lire à son époque, il lisait tout ce qui lui tombait sous la main. Il a emprunté beaucoup d’ouvrages dans les bibliothèques publiques. Il avait toujours un livre sur lui. Il n’a cessé de se cultiver dans des domaines très divers, tout au long de sa vie. il lisait aussi beaucoup de journaux et de magazines.
- Conseil 2: être discipliné. Le métier d’écrivain requiert une discipline sans faille. L’inspiration ne vient pas en flânant.
“Ne flânez pas en sollicitant l’inspiration ; précipitez-vous à sa poursuite avec un gourdin, et même si vous ne l’attrapez pas, vous aurez quelque chose qui lui ressemble remarquablement bien. Imposez-vous une besogne et veillez à l’accomplir chaque jour ; vous aurez plus de mots à votre crédit à la fin de l’année.”
L’écrivain américain recommande d’écrire 1000 mots par jour pendant 60 jours, sans penser au résultat final, mais il faut que ce soient de bons mots. Il préconise d’avancer, livre après livre, sans précipitation, en se concentrant sur une seule histoire à la fois. Il suggère d’avoir toujours avec soi un carnet de notes pour prendre des notes à tout moment. Un écrivain doit aussi rester en bonne santé pour perdurer dans sa passion.
- Conseil 3: travailler comme un fou. Jack London disait s’être sacrifié pour son art. Il ne croyait pas au talent littéraire, mais seulement au labeur acharné. Il travaillait tout le temps. Il se disait stimulé par la pauvreté, qui heureusement, ne l’a pas détruit. Il a été contraint d’accepter des emplois mal payés et très fatigants, pour continuer à suivre son ambition. Il considérait de prendre le travail comme une vocation. A ses yeux, c’est l’ingrédient universel du succès.
“Les grands hommes dans le monde le sont devenus parce qu’ils avaient quelque chose à faire dans le monde, et qu’ils l’ont fait ; parce qu’ils travaillaient assidûment et énergiquement, se perdaient dans leur travail, jusqu’au jour où ils ont été tous surpris de voir les honneurs tomber dru sur eux, et leur nom sur toutes les lèvres.”
- Conseil 4: partir des lecteurs pour devenir écrivain. On écrit pour gagner sa vie. Jack London l’avait bien compris. L’écriture, comme tout autre activité, est commerciale, avec des producteurs et des consommateurs. L’écrivain doit partir des besoins du marché du livre pour gagner de l’argent. L’écrivain doit écrire ce qui se vend. C’est un marchand d’idées”, selon le créateur de “Croc-Blanc”.
“Les valeurs les plus profondes de la vie sont aujourd’hui exprimées en argent [donc] il est tout à fait normal que la littérature s’évalue en argent.”
Les essais et la poésie ne se vendent pas bien. Pour maximiser sa valeur marchande, l’auteur ferait mieux de s’inspirer de la réalité. Jack London estimait que 90% des histoires étaient fondées sur une expérience vécue. Les histoires doivent être réalistes. L’auteur doit s’effacer derrière ses personnages. L’histoire doit miser sur le tragique et le terrible afin de réveiller la peur primale des lecteurs engourdis par leur petit confort. Et surtout, elle doit bien finir!
L’écrivain doit aussi tenir compte de l’inculture des masses populaires, qui, selon Jack London, les rendent incapables de s’intéresser aux idées profondes.
- Conseil 5: commencer petit. L’écrivain débutant cherche à travailler avec humilité pour s’améliorer à tous les niveaux. Pour se faire la main, Jack London a participé à un grand nombre de concours littéraires, et ses quelques victoires l’ont conforté dans son idée de persévérer afin de devenir un vrai écrivain, reconnu aux yeux de tous.
- Conseil 6: persévérer. Pour devenir écrivain, il faut viser la perfection, ni plus ni moins. A ses débuts, l’écrivain écrivait tout le temps. Bien sûr, il essuyait refus sur refus. Quelque part, l’aspirant écrivain doit « accomplir l’impossible » – tel est « le secret de la grandeur » – en multipliant les travaux de très bonne qualité malgré les rejets successifs. La persévérance est aussi un gage de qulité. Elle est l’inlassable quête de la perfection. Il faut écrire, écrire et encore écrire. Il faut inlassablement persévérer jusqu’au jour de la reconnaissance.
“Ils [les critiques] ne se presseront pas, mais ils garderont un œil sur lui, et soudain, un jour, comme l’éclair illuminant un ciel serein, ils fondront sur lui et l’emporteront sur l’Olympe. Alors il aura un nom, du prestige, il sera Quelqu’un.”
Le métier d’écrivain est un dur métier.
“S’il y a dans le monde plus de forgerons prospères que d’écrivains à succès, c’est parce qu’il est beaucoup plus facile et moins laborieux de devenir un forgeron prospère qu’un écrivain à succès.”
Jack London a décrit sa surhumaine persévérance dans son roman autobiographique “Martin Eden”.
“Il n’existe qu’une seule façon de débuter, c’est de commencer un dur travail, avec patience, prêt à toutes les déceptions éprouvées par Martin Eden avant qu’il ne réussisse — qui furent les miennes avant que je ne réussisse — parce que je me suis contenté d’attribuer à mon personnage de fiction, Martin Eden, mes propres expériences dans la carrière des lettres.”
- Conseil 7: écrire simplement. L’histoire d’un roman ne fait pas tout. L’auteur doit donc travailler son expression.
“Le fait d’avoir à dire quelque chose de nature à intéresser les autres ne vous dispense pas de faire l’effort de l’exprimer par les meilleurs moyens et dans la forme la plus agréable possible.”
La qualité de l’écriture découle de la qualité de la pensée. Si l’expression est faible, c’est que la pensée est faible. L’amélioration du style passe donc par celle de la pensée. Il faut toujours avoir à l’esprit qu’on écrit pour les lecteurs, et pas pour nous. Le lecteur, de nos jours, veut vite entrer dans le sujet. Il ne veut plus de détails superflus. Il aime utiliser son imagination. Les romans fleuve, en plusieurs volumes, à l’instar de ceux de Balzac ou de Victor Hugo, est révolue.
Le lecteur n’est pas un enfant. Il éprouve du plaisir à bâtir tout le tableau en partant de ce seul mot, et il est transporté d’enthousiasme s’il le bâtit par son seul effort. […] Ils ont passé l’âge du jardin d’enfants ; ils peuvent penser par eux-mêmes. Fournissez-leur l’essentiel, dépouillé, et ils se chargeront du reste. Ils peuvent penser plus vite qu’ils ne lisent le texte imprimé de l’écrivain, et ils sont pressés.
La littérature évolue, que cela nous plaise ou pas. Les phrases sont plus brèves qu’auparavant et un style ampoulé et alambiqué n’est plus de mise. Les textes sont donc plus compacts, plus nerveux, plus incicifs et plus précis qu’auparavant.
- Conseil 8: avoir une philosophie de vie. Selon Jack London, tout écrivain ayant eu du succès de façon permanente a possédé cette philosophie. Dans son oeuvre, un écrivain met ce qui est en lui et dire la vérité sur son époque.
- Conseil 9: assumer son ambition. L’écrivain a une première obsession: vivre de sa plume, c’est-à-dire, de ses droits d’auteur. On ne doit pas non plus réussir à n’importe quel prix, mais grâce à des bases solides. Toute la difficulté pour un écrivain est de satisfaire le public, tout en restant fidèle à sa philosophie de vie.
- Conseil 10: se méfier du monde la littérature. Aux yeux de Jack London, les éditeurs et les rédacteurs en chef sont des despotes, qui ont pour objectif de s’enrichir sur le dos des écrivains. L’écrivain américain refusait les corrections des maisons d’édition, souvent excessives ou erronées, selon lui.
En guise de conclusion
Jack London démystifie pas mal la profession d’écrivain. Vouloir accéder à ce métier et à cet art est un projet comme un autre. Avant tout, tout créateur doit rester humble et sincère devant son oeuvre. En fin de compte, on propose aux lecteurs la vision de son propre monde. Le monde est imparfait, les écrivains aussi. Ce métier est protéiforme, et il est difficile d’exceller en tout.
On devient écrivain par la force qu’on a en soi, pas par miracle. La première des choses, c’est d’oser écrire et publier. Cela demande de l’audace et aussi d’effacer toute pudeur. Ecrire enrichit la vie de ceux qui écrivent d’abord. Cette activité rend heureux. Je prends pour témoin le développement des ateliers d’écriture. C’est bien que les gens ont des choses à dire!
Il serait bon qu’en France, on finisse par considérer qu’écrire suppose un apprentissage, comme tous les métiers. Les Américains ne font pas de différence de valeur entre un écrivain et un boucher, mais entre le bon et le mauvais boucher, entre le bon et le mauvais écrivain. On gagnerait à adopter ce prgamatisme, qui, je sais, en fait hurler plus d’un!
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Merci Laurence pour ce bel article. Ayant moi-même été élevé des Artisans de la Fiction que vous citez en image j’adhère totalement aux idées développées dans votre article.
Écrire ce n’est pas être touché par la grâce et l’inspiration. Cet un engagement envers soi-même et beaucoup de travail.
Merci de le rappeler ici, cela me donne du courage.
Merci beaucoup pour cet article honnête et les 10 conseils précieux de Jack London que vous avez partagé avec nous.
Bien à vous,
Valérie Gros-Dubois