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La publication d’un premier roman est l’aboutissement d’un rêve et d’un long travail d’écriture. Mais s’il y a de nombreux candidats, les élus sont rares, j’en suis le premier témoin. Comment s’y retrouver, où s’adresser et de quelle manière comment procéder ? Autant de questions qui peuvent vite angoisser un auteur en quête de reconnaissance!

Depuis la crise sanitaire de 2020, les éditeurs croulent sous les manuscrits, bien qu’ils soient habitués à cette abondance. Depuis cette période, les gens se sont découvert une passion pour l’écriture, comme si une fièvre s’était emparée des gens dans l’urgence de la situation. Ou ont-ils osé sortir de leurs tiroirs des manuscrits qui y dormaient sagement depuis des lustres!

Se faire éditer, trouver un éditeur ou s’auto-éditer: c’est un vrai labyrinthe pour les néophytes. Comment se faire connaître? Il n’y a aucune solution miracle. C’est une affaire de travail, de marketing, de publicité sur les réseaux sociaux, de ténacité et parfois de chance du destin!

Pour écrire cet article, je me base sur sur le hors-série de Lire Magazine paru en juillet 2021.

Dix questions à se poser sur l’édition

Avant d’envoyer un manuscrit à des maisons d’édition, il convient de connaître certaines clés sur la réalité du monde éditorial. Certaines questions peuvent paraître naïves, mais les auteurs se les posent vraiment.

  1. Les écrivains sont-ils nombreux à vivre de leur plume? C’est une question que tout le monde se pose et qui revient sans cesse. La grande majorité des auteurs n’arrivent pas à vivre de leur plume. La réalité éditoriale est bien moins glorieuse que veulent le laisser croire les auteurs à succès. 2/3 des auteurs doivent exercer une autre activité pour vivre. C’est mon cas et le cas de beaucoup d’autres personnes. De plus, le nombre de lecteurs diminue au profit d’autres formats, alors que de plus en plus de livres sont publiés chaque année. Ce phénomène est mondial. La concurrence est forte avec d’autres moyens de se divertir.
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2. A combien d’exemplaires se vend un premier roman? Comme dans tout domaine, les débuts d’un primo écrivain sont souvent pleins d’illusions. La publication d’un premier roman est un événement pour son auteur. C’est le cas contraire chez les éditeurs et les libraires. Comment exister d’ailleurs parmi les centaines de livres présentés chez un libraire ou parmi les centaines de milliers présents sur les plateformes en ligne? Un premier roman se vend à moins de 1000 exemplaires. C’est déjà un petit succès…

3. Combien touche vraiment un auteur sur un livre? Avec le coût du papier qui augmente, vous vous doutez bien qu’un auteur ne se fait que très peu de marges sur un livre. C’est la quantité vendue qui lui apporte une rémunération intéressante … ou pas! Dans l’édition traditionnelle, l’auteur reçoit moins de marge qu’un auteur qui décide de s’autoéditer.

4. Les journalistes et les personnalités sont-ils pistonnés? On serait tentés de le croire. Les éditeurs sont tentés de publier un nom connu qui peut faire vendre. Un éditeur est aussi un chef d’entreprise qui doit faire vivre sa société. Les éditions Gallimard, Grasset ou Stock publient beaucoup de journalistes, plus ou moins influents. De toute façon, grâce à leur renommée, ils bénéficient d’une publicité souvent gratuite, puisqu’ils sont invités à parler de leur livre dans les médias.

5. A quoi sert un service de presse pour les auteurs? Quand un auteur passe par cette étape, c’est qu’une maison d’édition a déjà choisi de publier ses ouvrages. C’est un grand pas de franchi. Un attaché de presse dispose d’un carnet bien rempli en général, ce qui lui permet de gérer la promotion et la communication sur l’auteur en question. Un auteur peut très bien s’offrir le travail d’un attaché de presse. Il en existe en freelance.

6. Faut-il faire une croix sur les grandes maisons d’édition? Comme précisé dans l’introduction de cet article, les maisons d’édition célèbres reçoivent un nombre incalculable de manuscrits, pas moins de 50 par jour au lieu des 30 habituels, ce qui ne leur permettait plus de faire le tri dans de bonnes conditions. D’ailleurs, la maison d’édition Gallimard avait publié ceci sur leur site en 2020: “Compte-tenu des circonstances exceptionnelles, nous vous demandons de surseoir à l’envoi des manuscrits…”. Comme les gens savent bien se servir d’un ordinateur, des gens écrivent, envoient leur manuscrit, sans se considérer vraiment comme des auteurs. Il faut savoir que les maisons d’édition ont leur planning souvent rempli 2 ans à l’avance.

7. Une publication à compte d’auteur peut-elle être un atout ou un handicap? Un éditeur qui pratique ce genre d’édition accepte votre manuscrit, en général, au bout de 2 ou 3 semaines. Ce détail devrait déjà vous alerter. Ils sont surtout réjouis de vous oublier; ils ont trouvé votre livre extraordinaire…moyennant finance de votre part, bien sûr. J’ai tenté l’expérience pour m’assurer du bien-fondé de ce que je lisais, concernant leur réputation sulfureuse. Certaines maisons d’édition de ce genre me proposaient de me publier, moyennant 700€. C’était une des moins onéreuses. Mais, vous n’en vendrez pas plus que de vous débrouiller par vous-même! Je déconseille ce genre d’éditeur.

8. Faut-il se préparer pour un speed dating éditeur/jeune auteur? Si vous pouvez vivre ce genre d’expérience, il est dans votre intérêt de bien vous préparer, car le temps de rencontre est fortement limité. Entraînez-vous de toutes les manières possibles. Posez-vous les questions suivantes: pourquoi vous écrivez? Que lisez-vous en ce moment? Sur quel projet d’écriture travaillez-vous en ce moment? Faites un résumé assez bref de votre ouvrage, préparez une brève présentation de vous. Préparez un dossier à donner à l’intervenant pour qu’il ne reparte pas les mains vides avec un pitch de votre projet, une courte biographie, quelques pages de votre manuscrit, forcément achevé lors de la rencontre, ainsi que vos cordonnées.

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9. Est-ce une bonne idée de présenter son projet sous la forme d’une vidéo? Tout dépend en fait de la nature de votre projet et de votre capacité à monter une vidéo. Elle doit être forcément bien réalisée, sous peine de décourager les éventuelles personnes concernées. Vous devez sortir du lot, bien que la pratique ne soit pas courante. La captation de votre vidéo doit être claire, dynamique et synthétique. Elle ne pourra pas pallier les défauts éventuels de votre manuscrit.

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10. Comment être invité en tant qu’auteur dans un salon du livre? Si vous avez un éditeur, c’est à lui d’agir, pas à vous. De votre côté, si vous n’avez pas d’éditeur attitré, vous pouvez commencer des démarches de votre côté, aller voir des libraires pour faire une séance de dédicaces et aller à la rencontre des lecteurs autour de chez vous. A un moment donné, il fait se lancer, dépasser ses peurs et sauter dans le grand bain. Un auteur, connu ou pas, doit trouver les moyens de se vendre.

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Cultiver l’esprit de concours

Il existe une forte tradition de concours d’écriture, du moins en France. Je pense que c’est une bonne occasion de se faire connaître. Je vous invite à y participer. Vous trouverez un nombre incalculable de concours sur Internet. Il existe des concours locaux, nationaux, ceux qui ne concernent que les jeunes, d’autres par genres littéraires, comme les polars par exemple. C’est à vous qu’il tient de lancer ce défi, car c’en est un. Chaque année, des centaines de concours sont organisés.

Vous aurez là l’occasion de vous confronter à un jury, tout en vous dévoilant à vos premiers lecteurs. La majorité de ces concours sont des appels à des nouvelles, dont le format est en général fixé entre 5000 et 35.000 signes, selon les règlements des uns et des autres. Tous -ou presque- ont un thème imposé ou une première phrase à insérer. Ces concours peuvent être organisés par des associations, des ateliers d’écriture, les mairies ou les médiathèques. La participation peut être gratuite ou atteindre 10 euros ou plus.

La plupart des concours sont dotés d’un prix, allant de la publication de la meilleure nouvelle dans un recueil à une récompense pour les trois premiers auteurs, pouvant aller de 50 à 1000 euros, selon votre position dans le classement. Par ailleurs, j’ai déjà écrit un article sur ce sujet dans le blog. Il vous suffit de faire la recherche. Je vous donne quand même le lien.

On ne compte plus les auteurs qui, comme Bernard Minier, ont été révélés grâce à des concours de nouvelles. Ces concours permettent de se faire la main, de s’évaluer et d’être évalués, de décrocher un prix éventuellement, voire, cerise sur le gâteau, d’être découvert.

Du côté de chez l’éditeur

Prenons l’exemple des éditions Actes Sud. La directrice éditoriale, Claire David, reçoit 600 manuscrits par an. Elle publie vingt livres par an. Elle en retient donc 3 parmi tous ceux qu’elle reçoit. Elle est satisfaite quand c’est le cas, car cela veut dire que c’est une bonne année. Cela dit, une fois que l’auteur est entré dans le catalogue, on suit son travail. Et pour que les auteurs restent fidèles à l’éditeur, il faut faire de la place!

Pour sélectionner un texte, on passe par la case tri, c’est-à-dire que l’on élimine ceux qui ne correspondent pas à la ligne éditoriale. Puis, les manuscrits qui contiennent trop d’éléments à reprendre sont refusés.

Crédit photo: librairieactessud.com

La directrice des éditions Actes Sud donne les conseils suivants:

  • Bien cibler sn envoi. Il convient d’envoyer son manuscrit à des maisons d’édition qui publient le genre d’ouvrages que vous avez écrit.
  • Soigner sa lettre d’introduction. Elle doit expliquer en quoi votre projet d’écriture a été une nécessité pour vous. Vous devez être habité par votre sujet.
  • Prendre le temps du recul. Cela concerne les phases de relecture, les phases de doute aussi.
  • Laisser reposer le texte avant de l’envoyer. Oubliez-le quelque temps, environ 4 à 5 mois. Vous aurez alors un regard neuf sur votre livre.
  • Evitez d’écrire sur le confinement ou la pandémie.

En guise de conclusion

Soyons clairs: toutes les histoires ne sont pas bonnes à être publiées, bien qu’elles soient toutes valables en soi. Si vous envoyez vos manuscrits par la poste ou numériquement, pratique qui se démocratise de plus en plus, ne vous découragez pas à la première lettre de refus, ni même à la vingtième.

La lettre de refus est un passage obligatoire pour tous les auteurs débutants. Ces derniers la considèrent souvent comme un affront. Ils se sentent même meurtris. Très souvent, la réponde de refus est personnalisée et se veut en général encourageante. Il ne sert à rien d’agresser un éditeur parce qu’il a refusé votre ouvrage!

Il est normal qu’un auteur mette une charge émotionnelle importante dans son livre. L’éditeur doit savoir dire non. Une lettre de refus n’est pas une attaque personnelle. Que serait l’état du monde si on publiait tous les livres écrits? Nous serions complètement noyés, même si c’est déjà un peu le cas.


Passionnée de lecture et d’écriture, de voyages et d’art, je partage mes conseils sur l’écriture. L'écriture est devenue ma passion: j'écris des livres pratiques et des romans.

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  • Bonjour Smits Laurence.
    C’est magnifique. L’article, je l’ai bien reçu. Vos sacrifices de plusieurs années sont nos bénédictions aujourd’hui et pour les générations à venir. C’est une marque ineffaçable au milieu des humains et pour l’éternité. C’est l’une des meilleures missions sur la terre. Mieux vos œuvres sont inscrits dans les annales de votre Dieu; celui qui vous a donné toutes les grâces dont vous êtes dépositaire.
    C’est ici l’opportunité de vous témoigner ma gratitude en toute sincérité. Infiniment merci.
    Bonne journée.
    GANDONOU D. ÉLIE.

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